Les orphelines du sida
Pour ces orphelines du sida, le scénario est souvent le même…
Le père de famille attrape le sida en allant voir une prostituée à l’occasion d’une visite en ville après avoir vendu une récolte. La mère est contaminée durant les mois ou années suivantes. La maladie se déclare au bout de trois ans environ pour chacun des parents, après la contamination. Les enfants naissant d’une mère porteuse du VIH sont eux même souvent atteints.
Les conséquences pour la famille sont l’impossibilité de travailler et la baisse des rentrées d’argent qui font que les enfants ne fréquentent plus l’école.
Les enfants se retrouvent orphelins de père et/ ou de mère et sont confiés à des oncles, tantes ou grand parents qui souvent n’ont pas les moyens de les prendre en charge.
Aucune structure n’existait jusqu’à présent pour les adolescentes qui bénéficient de traitement. Avec une espérance de vie de 40 ans et plus, il est important de leur assurer un avenir pour leur vie d’adulte.
Un certain nombre de jeunes filles, ayant subi des sévices sexuels, sont contaminées et ont besoin d’un soutien tout à fait particulier.
Anakut Laor, par son engagement sur une longue durée, permet d’offrir à ces jeunes un environnement affectif adapté .
La vie dans la maison Anakut Laor
Historique:
2005 Création de la première maison
Le but est de recréer une vie de famille avec un personnel khmer affectueux et compétent et de suivre les traditions khmères. L’objectif est d’en faire des adultes éduquées, autonomes et responsables.
8 adolescentes, orphelines de père et mère et souffrant du Sida, sont accueillies les deux premières années dans une maison à Phnom Penh pour accéder facilement aux traitements et avoir un suivi médical sérieux. Nous travaillons avec les hôpitaux de référence, et de nombreuses ONG pour les soins médicaux dont les enfants bénéficient avec des services gratuits sur le long terme.
L’éducation et le réseau existant de nombreuses autres associations qui assurent des compléments éducatifs, de loisir et de formation est excellent à Phnom Penh et permet aux jeunes filles d’accéder à de nombreuses activités gratuites.
2008 Ouverture de la deuxième maison
16 jeunes filles sont hébergées dans les deux maisons.
Ces maisons sont situées sur le même terrain ce qui permet de garder l’esprit qui a contribué à la création et de permettre à ces orphelines de vivre dans ce qui ressemble le plus à une famille tout en économisant des coûts.
2010 Inondations et déménagement
Du fait de pluies considérables et des nouvelles constructions autour du terrain, nous avons plus de 80 cm d’eaux sales dans les deux maisons pendant plus de 8 jours et nous déménageons en urgence dans le même quartier. Mais dans un « compartiment chinois » dans lequel il n’y a ni cour ni jardin.
2011 Une belle et grande maison
Nous louons depuis cette date, une maison spacieuse avec un jardin où sont hébergées 14 jeunes filles, toujours dans le même quartier.
2017 Le loyer de la maison ayant énormément augmenté, nous louons une maison moins chère et moins grande. Le nombre de jeunes filles a baissé car certaines ont fini ou arrêté leurs études et sont entrées dans la vie active. Trois d’entre elles ont des bébés en bonne santé.
Les enfants
Leur nombre varie selon les années : certaines retournent vivre dans leur famille ou quittent le foyer pour gagner leur vie.
D’autres enfants nous sont confiées, envoyées par des ONG dont les travailleurs sociaux assurent l’évaluation de la situation de l’enfant dans sa famille et au sein de sa communauté.
Encadrement
Une responsable du foyer, travailleur social diplômée de l’enseignement supérieur assure le suivi éducatif des jeunes ainsi que le bon fonctionnement de la maison, le suivi affectif, les liens avec les écoles, les autres ONG et les familles. Elle étudie chaque année la situation des enfants cas par cas. Trois femmes, les mères, assurent une présence continuelle, jour et nuit, à tour de rôle pour la tenue de la maison, repas, linge, propreté, hygiène, écoute des enfants, discipline de vie.
La vie de foyer à la maison d'Anakut Laor
La vie de foyer à la maison d'Anakut Laor
Les activités
Kossal
Kossal, étudiante en pharmacie fait du bénévolat le dimanche pour assurer des soins primaires à des populations dans le besoin.
Cours d’anglais
Toutes suivent depuis plusieurs années des cours d’anglais dans une école spécialisée et les plus grandes écrivent et s’expriment bien maintenant. C’est un plus pour leur avenir, l’anglais étant indispensable pour communiquer au Cambodge.
Santé
Les visites médicales ont lieu mensuellement dans les hôpitaux où elles sont suivies pour le Sida.
Des ONG assurent les soins des yeux, des soins dentaires.
Un médecin spécialiste du Sida, attachée au foyer, vient une fois par semaine comme médecin de famille et assure le lien avec les hôpitaux et les différents services de santé sous l’autorité de la Présidente de l’association au Cambodge, médecin général à la retraite, chef du service de soins palliatifs.
Un beau succès est qu’aucune n’est décédée du Sida depuis l’ouverture du foyer en 2005, ce qui est la preuve du sérieux de leur suivi de la trithérapie et de la motivation du personnel avec une vie saine et une nourriture de qualité.
Loisirs éducatifs
Par un réseau amical d’autres ONG, elles ont accès, pour celles qui le veulent et le peuvent, à des services gratuits : bibliothèque, sport, éducation civique, danse Khmère, français, cours d’informatique, dessin …
Des cours d’anglais sont dispensés chaque semaine par des étudiants parrainés par « Enfants du Mékong ». De cette façon ils apprennent à aider à leur tour d’autres jeunes.
Pendant les vacances scolaires, elles suivent des cours de rattrapage chez « Maddox Chivan ». Nous faisons très attention à ne leur donner accès qu’à des activités gratuites afin d’éviter de créer des besoins que, plus tard, elles ne pourraient satisfaire.
Lien avec les familles
Plusieurs fois par an, un contact avec leurs familles éloignées est pris. Un adulte du foyer a la responsabilité de les amener, pour celles qui ont encore une famille c’est possible, quelques jours auprès de leurs grands-parents, oncles, tantes et cousins. De même, les familles sont reçues chaque fois qu’elles le demandent au foyer pour venir leur rendre visite.
Tous les ans la situation de l’enfant et de la réintégration éventuelle dans sa famille est examinée par le travailleur social de « Anakut Laor ».
Moments marquants
Pour les fêtes bouddhistes ou nationales, des sorties sont prévues et des moments ont lieu à la Pagode pour les cérémonies commémoratives pour leurs parents décédés.
La rentrée scolaire et le nouvel an khmer en avril est l’occasion de recevoir de nouveaux vêtements.
Chaque anniversaire est fêté et chaque enfant reçoit un cadeau.
Une fête est organisée au foyer pour la fête des enfants du Cambodge début juin et réunit amis et proches.
A l’entrée au Lycée un vélo est offert en récompense des résultats obtenus.
Pour l’entrée en faculté qui nécessite des déplacements plus importants, un scooter leur est offert. De même un ordinateur personnel est vite indispensable.
Conditions d’admission
Statut juridique de l’enfant
Les enfants peuvent être sous la responsabilité juridique et médicale d’associations autres, qui nous les confient telles que « Aspeca, Enfants d’Asie » » ou « Maryknoll », ou directement être sous la tutelle de « Anakut Laor », selon un accord dûment signé avec les familles et approuvé et enregistré par les autorités légales.
Conditions d’admission
Les 6 critères suivants sont analysés car ils permettent une homogénéité et une absence de différences entre les jeunes filles :
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Etre une fille âgée de 8 à 12 ans
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Etre orpheline d’au moins d’un de ses deux parents
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Etre en stade Sida déclaré
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Bénéficier de la trithérapie
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Aucun membre de la famille proche (oncles, tantes, grands-parents) ne peut ou ne veut la prendre en charge
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Habiter loin d’un centre de traitement d’enfants atteints du SIDA, reconnu et habilité par le Ministère de la Santé
Conditions de départ
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A la majorité (loi au Cambodge)
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En fin des études quand elles sont autonomes à la fois socialement, psychologiquement et financièrement
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En cas de mariage
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En cas de volonté exprimée par le jeune
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En cas de demande de l’association qui l’a confiée
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En cas de demande de la famille qui l’a confiée
Aucune information permettant d’identifier le jeune ne sera remis à quiconque ne faisant pas partie du foyer. Aucune visite ne se fera au foyer sans l’accord express du Conseil d’administration français ou de la responsable des enfants au Cambodge.
Information sur les enfants
Tout enfant arrivant à la maison possède quatre cahiers :
Registre d'état civil
Il comporte le nom de l’enfant, de ses parents, frères, sœurs, grands-parents et collatéraux et un état aussi complet que possible de sa famille avec leurs noms, âges et adresses exactes, téléphone.
L’histoire familiale est demandée à toute personne amenant l’enfant et transcrite.
Tout événement, allées et venues de l’enfant dès son arrivée au foyer sont notés : date du départ, destination, autorisation et raison, personne accompagnante et signatures de la personne, de l’enfant et du responsable de « Anakut Laor ».
Un dossier de santé
Ce dossier sera tenu et accessible à la clinique du foyer ou à l’hôpital où la jeune fille est suivie.
Un dossier scolaire
Ce dossier sera tenu à l’école mais un double en est copié à la maison avec tous les événements ou remarques qui concernent son travail.